Hydrogène : Symbio, la start up grenobloise devient grande
Thématique : Conversion – Hydrogène et gaz
Parution :31/05/2021
L'ancienne friche Bosch à Vénissieux accueille Symbio, pionnière de la mobilité hydrogène, pour assembler ses piles à combustibles.
L'année dernière encore, elle n'en produisait que quelques centaines par an, pour des Kangoo Renault et quelques tractopelles ou chariots élévateurs… La coentreprise de Michelin et Faurecia, à l'origine une start-up grenobloise créée en 2010, tourne désormais à quelques milliers de systèmes dans son usine pilote qui préfigure celle qui sera construite en 2023.
A Saint-Fons près de Lyon, elle vise 20.000 unités dès 2024, et 50.000 en 2027 à pleine capacité, avec 1.000 salariés. Un investissement de 140 millions d'euros. « Actuellement, il nous faut quinze heures pour fabriquer une pile. Ce temps doit tomber à 15 minutes », ambitionne Michaël Alonso, directeur de la production.
« Tout inventer »
Sur 8.000 carrés, l'installation temporaire de Vénissieux doit trouver les modalités industrielles pour accélérer, passant de trois piles par jour réalisées en mode manuel assisté à 200 unités assemblées sur une ligne semi-automatisée, avec tapis roulants, robots et caméras de validation. « Il y a quelques mois, on déposait encore les joints à la main », pointe le responsable.
Aujourd'hui, un robot assemble par paquets de seize les cellules qui permettent de faire réagir l'hydrogène avec l'oxygène de l'air pour créer de l'électricité. Il y a 70 à 200 cellules d'un volt chacune empilées sous presse dans la pile, rodé ensuite en y faisant circuler de l'hydrogène durant plusieurs heures, avant l'assemblage final.
« La production de piles en grandes en série est inédite, il faut tout inventer », insiste Philippe Rosier, président de Symbio. « Mais cette montée en puissance progressive est calée sur celle du marché », pour l'instant limité à « 50.000 véhicules par an dans le monde », estime-t-il. Le dirigeant explique que ses clients - les constructeurs -, s'occupent du système d'entraînement, l'actionnaire Faurecia du réservoir de carburant hydrogène ; et la coentreprise fait la partie intermédiaire, à savoir la pile.
L'entreprise, qui emploie 350 personnes, pour « quelques dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaires », a perdu un contrat avec Renault, qui a finalement choisi de s'associer avec l'américain Plug Power dans l'hydrogène. Mais elle a décroché le contrat des fourgonnettes hybrides H2-électrique Stellantis, et prévoit de livrer au constructeur un millier de piles par an pour commencer. Elle a aussi une commande de 1.500 pièces pour les bus Safra et vient de dévoiler à Shanghai son nouveau modèle pour poids lourds.
« On a choisi de démarrer avec les flottes captives, professionnelles, qui reviennent à leur base le soir pour faire le plein, en attendant d'attaquer le marché des particuliers, quand les infrastructures de recharge d' hydrogène vert commenceront à se démocratiser », explique Philippe Rosier. Avec comme ambition « 200.000 piles en 2030 », grâce à d'autres « giga-factories » en Asie et aux Etats-Unis, « pour 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires et 15 % des parts du marché ».
Le CEA Liten membre du Carnot Energies du futur se réjouit du développement significatif de Symbio. En effet, le CEA Liten est un grand soutien dans le développement R&D aupès de Symbio depuis 15 ans déjà.
Source : Les Echos